Une semaine s’est écoulée depuis le moment où le temps s’est arrêté. Ce moment où un fou a ouvert le feu sur Jean-Yves Wargnies, plongeant le Pays Noir dans l’incrédulité, l’incompréhension, la colère.
Pour le soutenir dans un combat que l’on sait difficile, la déferlante commence. Un torrent de solidarité à l’intention de sa famille, de ses proches. A son intention à lui, évidemment, qui se bat pour ne pas être vaincu par la bêtise humaine qui l’insupporte au plus haut point. L’image de Jean-Yves inonde les réseaux sociaux mais surtout ses réseaux. Les vrais, les humains, les physiques. La musique retentit partout. « La musique à fond » est le mot d’ordre absolu. Les Carolos se rassemblent, incrédules et nourris par l’espoir qu’il va apparaître, rester avec tous ceux qu’il a aimés et le lui témoignent en retour.
Jusqu’à ce message tant redouté de sa sœur, Agnès. : « Jean-Yves a finalement décidé qu’il était temps de passer au projet suivant. Il a fait ses bagages et ses adieux, sereinement, mais déterminé. On ne retient pas Jean-Yves quand il choisit, vous le savez « .
Une annonce ultime, fracassante, qui avive plus encore les messages d’amour, les témoignages de liens étroits, les anecdotes touchantes, hilarantes, les souvenirs bien vivants que chacun garde de sa relation avec Jean-Yves. Oh qu’il doit être heureux en contemplant son chef-d’œuvre. Les liens qu’il a tissés tous azimuts se serrent et sont indénouables. Son œuvre majuscule, à lui, avec son mot si juste à l’attention de chacun. L’artisan d’un monde large, hétéroclite, divers, qui aujourd’hui est rassemblé dans le même hommage.
Mille vies
Jean-Yves, Jean-Pierre, Jean-Cuir, Jean-Ivre, Jean-Cive, Djeep, Mr Wa, Ganichard… et combien d’autres surnoms encore… A chacun la manière qu’il a d’appeler Jean-Yves. L’homme aux mille vies, aux mille projets, aux mille looks,… toujours investi dans le maintenant en étant déjà plongé dans l’après. ET chacun de ceux qui le pleurent aujourd’hui a, à moment ou l’autre, participé à l’une ou l’autre de ses innombrables entreprises. La musique, les soirées « du tout Charleroi », l’art et la soudure, la récupération, la brocante – celle du Bultia puis celle des quais qu’il a fait renaître – ,… jusqu’à ce lieu de retrouvaille de tous les maillons de ses différents cercles intimes. « Chez ta Mère. Là où l’ouvrier côtoie l’avocat ». Jean-Yves s’est intensément investi dans le renouveau de Charleroi. A travers la création de son « cabaret-brocante », on lui attribue la renaissance de la place de la Digue. Une place longtemps désertée et qui revit aujourd’hui.
Reconnaissance officielle
Un investissement qui pour beaucoup aujourd’hui impose une reconnaissance officielle. Le titre de citoyen d’honneur de la Ville par exemple. Mais aussi qu’une rue, une place, un lieu culturel,…portent son nom. « Rue Jean-Yves ». « Place Mr Wa ». « Espace Wargnies ». Les autorités communales ont déjà été sollicitées par des proches, pour l’organisation d’un événement d’envergure, en hommage à Jean-Yves. Mais aussi dans la perspective d’un geste mémoriel plus important.
Charleroi a perdu un de ses enfants. Un raz-de-marée submerge les réseaux sociaux. Son image s’affiche partout. Un artiste des rapports humains, un artisan de la joie de vivre.
Charleroi tchoule et je tchoule ton départ, Mon Jean-Pierre !
Très bel article écrit par Nicolas Rondelez sur le site de la rtbf.be